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Les enfants qui vivent de l’insécurité alimentaire risquent de connaître des problèmes psychologiques

Selon une étude canadienne de grande envergure, les adultes incapables de protéger leurs enfants de l’insécurité alimentaire éprouveraient des problèmes de santé mentale

Peer-Reviewed Publication

McGill University

On imagine facilement la détresse que ressent un parent, tout comme son enfant, lorsque la nourriture vient à manquer, surtout si cela est fréquent. Un nombre croissant d’études établissent un lien entre l’insécurité alimentaire et ses effets délétères sur la santé mentale. Dans une étude récente, des chercheurs de l’Université McGill s’intéressent plus précisément aux conséquences de l’insécurité alimentaire sur la santé mentale du parent et de l’enfant, pris individuellement. Dans les familles où les adultes sacrifient leurs propres besoins nutritionnels afin de répondre à ceux de leurs enfants, les chercheurs ont constaté une menace réelle, certes, mais moindre, à l’égard de la santé mentale.

Les auteurs de l’étude ont analysé les données de trois cycles de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes menée entre 2007 et 2018 (chaque cycle réalisé auprès d’approximativement 100 000 répondants, dont environ le quart étaient des enfants ou des adolescents). Comme chaque membre d’une famille répondait individuellement aux questions liées à la santé mentale et à la sécurité alimentaire, on a pu étudier séparément les effets de l’insécurité alimentaire sur les parents et leurs enfants.

Protégés de l’insécurité alimentaire, mais pas nécessairement des troubles mentaux

« Nous savions que nourrir les enfants les protège de la malnutrition, mais on ne savait pas exactement quel en était l’effet sur la santé mentale des membres d’une famille », observe Frank Elgar, auteur principal de l’article paru récemment dans le Canadian Journal of Public Health et professeur à l’École de santé des populations et de santé mondiale. « Au Canada, chez un ménage canadien sur huit aux prises avec l’insécurité alimentaire, la capacité à en protéger les enfants et les jeunes était uniquement associée à un risque réduit de troubles de l’humeur chez les jeunes, alors que chez les adultes, cette même capacité était associée à une amélioration plus générale de la santé mentale. »

Rien n’indiquait que ce comportement protecteur s’accompagnait d’une réduction du risque des troubles d’anxiété, de la santé physique ou de la santé mentale chez les jeunes. L’étude révèle que, sans égard à la protection parentale, l’insécurité alimentaire est associée à une piètre santé mentale et à une diminution du bien-être chez les enfants et les adultes.

« Chez les enfants et les adolescents touchés par l’insécurité alimentaire à un stade déterminant du développement du cerveau, rien n’indique que les efforts de leurs parents pour les protéger de cette insécurité améliorent leur état psychologique de façon importante, ajoute Frank Elgar. Ces observations font ressortir la nécessité de concevoir des politiques axées à la fois sur la sécurité alimentaire et sur la santé mentale. Pour les prestataires de banques alimentaires, les besoins vont parfois au-delà de la nourriture. Ils peuvent notamment avoir besoin de services en santé mentale, surtout dans une optique de prévention des effets à long terme chez les jeunes. »

Résultats détaillés

  • Environ 84,5 % des ménages dans l’échantillon étaient en situation de sécurité alimentaire.
  • Environ 15,5 % des ménages dans l’échantillon vivaient une insécurité alimentaire à différents degrés (faible, modérée ou grave).
  • Plus le niveau d’insécurité alimentaire du ménage était important, moins les parents protégeaient les jeunes de cette insécurité. (Les enfants en étaient protégés dans environ 65 % des ménages en insécurité alimentaire faible, dans environ 34 % des ménages en insécurité alimentaire modérée et dans environ 11 % des ménages vivant à insécurité alimentaire grave.)
  • Environ 6,3 % des ménages vivaient une insécurité alimentaire et protégeaient les jeunes, tandis qu’environ 9,1 % des ménages étaient en insécurité alimentaire et ne protégeaient pas les jeunes.

Comparaison de la santé mentale des ménages en situation de sécurité alimentaire à celle des ménages vivant une insécurité alimentaire

  • Chez les enfants et les adolescents de ménages vivant une insécurité alimentaire et où les jeunes n’étaient pas protégés, on a constaté un risque accru de troubles de l’humeur et d’anxiété, un niveau de santé mentale et physique moyen ou faible et un faible taux de satisfaction globale.
  • Chez les enfants et les adolescents de ménages vivant une insécurité alimentaire où les jeunes étaient protégés, on a constaté seulement un risque accru de troubles d’anxiété et un niveau santé mentale moyen ou faible; ces jeunes ne présentaient pas de différence significative par rapport aux jeunes de ménages en situation de sécurité alimentaire relativement aux autres aspects de la santé mentale et du bien-être.
  • Chez les adultes de ménages aux prises avec l’insécurité alimentaire, particulièrement lorsque les enfants n’en étaient pas protégés, on a constaté un risque systématiquement accru d’un faible niveau à l’égard de la santé mentale et du bien-être comparativement aux adultes de ménages en situation de sécurité alimentaire.

Comparaison de la santé mentale des ménages où les enfants sont protégés à celle des ménages au sein desquels les enfants sont exempts de protection

  • Le seul effet significatif de la protection des jeunes contre l’insécurité alimentaire était un risque réduit de troubles de l’humeur, comparativement aux ménages n’offrant pas cette protection. Tous les autres risques liés à la santé mentale étaient comparables entre ces deux groupes.
  • Chez les adultes qui n’étaient pas en mesure de protéger leurs enfants de l’insécurité alimentaire, on a constaté un risque de problèmes de santé mentale de 22 à 37 % plus élevé ainsi qu’une augmentation du risque de troubles de l’humeur.

« Cette étude a révélé que le fait de protéger les enfants et les adolescents de l’insécurité alimentaire est associé à de meilleurs indicateurs de santé psychologique, tant chez les adultes que chez les personnes à charge. Cela dit, seule une exploration plus poussée nous permettra de cerner le coût et les avantages de ce comportement protecteur », soutient Frank Elgar.


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